L'idée d'une affiche frappante et accrocheuse est maintenant communément comprise. Pourtant, ce n'est qu'au tournant du XXe siècle, lorsque Jules Chéret introduit la technique de la lithographie en couleurs dans la ville de l'amour, que le concept même d'affiche est redéfini. Chéret, avec Henri de Toulouse-Lautrec et Théophile-Alexandre Steinlen, ont transformé des affiches françaises vintage en objets de collection pour les générations à venir, éclaboussant les villes du monde entier de couleurs vives.
Et la vérité est que l'impact de Chéret sur la conception d'affiches ne peut être sous-estimé. Avant son incursion dans le monde des beaux-arts en 1900, il a produit plus de 1 000 affiches dans son style léger et théâtral, apportant des teintes vibrantes de rouge, de jaune et de bleu aux murs sombres de la ville. Les charmantes jeunes filles qui ornaient fréquemment ses affiches sont devenues une caractéristique si omniprésente à Paris qu'elles ont été affectueusement surnommées "Cherettes" par les habitants.
La production de ces affiches connut un tel essor qu'elle provoqua la promulgation d'une loi en 1881, qui établissait des zones d'affichage officielles pour éviter que la ville ne soit inondée d'affiches. La popularité de ces affiches s'est encore renforcée trois ans plus tard lorsque l'artiste a organisé la première exposition collective d'affiches françaises à Paris. Les "Cherettes" de Chéret sont apparues dans une large gamme de produits, des spectacles de théâtre et des expositions à l'alcool, l'huile, les parfums et encore plus d'alcool. Le contenu de l'affiche était presque hors de propos, car le style caractéristique de Chéret, composé d'éclats de couleurs vives et d'une femme charismatique visant à attirer votre attention, était la norme.
En 1893, le peintre crée l'une de ses images les plus exubérantes et palpitantes pour le music-hall Olympia. L'affiche rayonne de luminosité et de gaieté, mettant en scène une femme insouciante emportée par la musique alors qu'elle joue des cymbales. D'autre part, la publicité pour la liqueur de menthe poivrée avait une atmosphère sensiblement plus intense, avec des teintes plus sombres donnant à l'affiche de 1899 une ambiance légèrement plus audacieuse. Cependant, l'utilisation frappante des couleurs primaires et secondaires et le regard captivant de la femme à l'esprit libre (encore une fois) rendent l'affiche incontournable. Chéret a revisité le concept de contraste extrême dans une paire d'affiches créées pour un spectacle de Loie Fuller au music-hall des Folies Bergère. Les affiches présentent une femme bohème en plein essor, avec une juxtaposition saisissante d'ombres contre sa forme fluide. Loie Fuller, actrice et danseuse américaine de l'Illinois, était une pionnière de la danse moderne et des techniques d'éclairage théâtral en France. Bien qu'il soit limité à quelques couleurs, Chéret a habilement capturé l'essence du mouvement sous les lumières vives du théâtre.
Cependant, le peintre n'est pas le seul artiste renommé de la ville, puisque l'incomparable Henri de Toulouse-Lautrec prend également le pinceau pour le compte de corporations au succès similaire. Son affiche pour l'emblématique Moulin Rouge a capturé l'excitation d'assister à un spectacle de cabaret, tout en transmettant la sensation d'anonymat qui accompagne le fait de s'asseoir dans l'obscurité pour assister à un spectacle provocateur. Cette affiche est depuis devenue l'une des affiches françaises vintage les plus acclamées de tous les temps. Toulouse-Lautrec n'était certainement pas étranger à la provocation, et il embrassa volontiers cette réputation avec son affiche de 1892, "Reine de Joie", qu'il créa pour son ami Victor Joze, un écrivain polonais de romans érotiques bon marché. L'affiche est l'une des œuvres les plus racées et les plus renommées de l'artiste, offrant un aperçu alléchant du contenu du livre.
À l'approche du tournant du XXe siècle, le style de peinture dominant a adopté une esthétique Art nouveau. Alphonse Mucha, un artiste tchèque basé à Paris, a produit un exemple célèbre de conception d'affiches Art nouveau avec sa représentation de l'actrice Sarah Bernhardt dans le rôle de Hamlet. L'affiche est ornée de détails complexes, de fioritures ornées et d'influences de divers mouvements artistiques tels que les préraphaélites, le mouvement Arts and Crafts et même l'art byzantin. Il présente une expérience visuelle captivante qui offre presque autant à admirer que la production théâtrale elle-même.