En tant qu'auditeurs de longue date de Lana Del Rey, nous sommes peut-être en droit d'embêter nos interlocuteurs. Vous vous demandez peut-être pourquoi, mais la réponse n'est pas si simple. Ce qui est clair, c'est que l'artiste a traversé de durs changements et que l'opinion publique a toujours eu son mot à dire sur sa carrière. Quand elle est apparue pour la première fois avec "Video Games", tout le monde était intrigué par l'air mystérieux qui l'entourait. Pourtant, après une performance maladroite de SNL en 2012, la presse et Internet l'ont fustigée, faisant d'elle une cible favorite du moment culturel. Malgré cela, son premier album de label major Born To Die a été un énorme succès, et le single "Summertime Sadness" a rapidement grimpé le Billboard Hot 100, restant son single le plus performant à ce jour. Depuis lors, elle est devenue une icône culte de la pop avec une base de fans dévouée qui continue de susciter les critiques de ses détracteurs.
Tout au long de sa carrière, Lana Del Rey a connu de nombreux hauts et bas aux yeux du public, ce qui en a fait une favorite parmi les auditeurs de longue date. Malgré la controverse, Del Rey a adopté son style unique et ses influences de centre gauche, évidentes dans ses neuf disques et un livre de poésie. Fait intéressant, sa première discographie a trouvé un nouveau public parmi les jeunes générations, avec des tubes comme "Born To Die" et "Ultraviolence" utilisés dans les vidéos virales TikTok. Le son de Del Rey a également évolué au fil du temps, évoluant vers un style non conventionnel qui défie les conventions de genre et met l'accent sur la narration plutôt que sur les refrains ou les crochets. Son dernier album, Did You Know That There's a Tunnel Under Ocean Boulevard, ressemble à une conversation avec un ami familier, pleine de tangentes, de points emphatiques et de contradictions. Asseyons-nous et profitons de la balade pendant que Lana nous emmène dans un voyage à travers sa musique.
Le morceau d'ouverture de l'album présente le son harmonieux d'une chorale de gospel, alors que Del Rey prépare le terrain pour les thèmes qui l'ont occupée. La riche mélodie se transforme en un puissant chœur de voix, demandant à quoi ressemble l'au-delà.
L'un des morceaux les plus accessibles de l'album, sorti en décembre, est le premier single. Dans cette chanson, Del Rey démontre sa capacité à transformer des sentiments que les gens peuvent hésiter à exprimer en paroles. Dans A&W, Del Rey présente un hymne qui parle de ses luttes tout au long de sa carrière. Elle respire à la fois la confiance et la lassitude, se qualifiant avec audace de "pute américaine" et confrontant la misogynie à laquelle elle a été confrontée au fil des ans. La seconde moitié de la chanson est particulièrement captivante, car la voix de Del Rey se mêle à un rythme trap hypnotique, créant un chant irrésistible. Ensuite, vous entendez l'interlude de Judah Smith : alors que l'album présente une transition discordante où un sermon de méga-église du pasteur Judah Smith est superposé aux rires et aux murmures de Del Rey, créant un effet intense et désorientant.
Le collier de bonbons est le suivant et l'énergie soul de Jon Batiste est évidente dans ce morceau. La mélodie récurrente au piano n'est pas seulement introspective et émotionnelle, mais lorsqu'elle est associée au refrain répétitif de Del Rey, elle devient une mélodie entraînante qui peut rester dans votre tête pendant des heures. Méfiez-vous de l'expression "colliers de bonbons" qui se répète dans votre esprit. L'écriture de chansons de Del Rey a pris une tournure plus personnelle depuis son dernier album. "Kintsugi" est une chanson mélancolique et presque funèbre qui réfléchit sur la mort et le processus de deuil. "Fingertips" est une excellente illustration de la capacité de Del Rey à transformer ses réflexions personnelles en ballades expansives et captivantes. C'est comme si elle lisait à haute voix un journal intime.
Paris, Texas est la chanson la plus brève de l'album, et elle a la structure la plus conventionnelle. La mélodie sonne comme les notes délicates d'une boîte à musique, et les paroles nostalgiques parlent de laisser des choses derrière soi. C'est le genre de morceau que vous joueriez en regardant par la fenêtre, en vous sentant mélancolique.
Dans "Let the Light In", la collaboration de Del Rey avec le père John Misty met en valeur leurs styles complémentaires, le son rock folklorique de Misty se mélangeant parfaitement avec le crooning signature de Del Rey. Il n'est pas surprenant que ce morceau soit un favori à répéter.
Margaret (ft. Bleachers) vous fera pleurer, puis dans Fishtail Del Rey met en valeur sa polyvalence alors qu'elle expérimente avec succès l'autotune. L'ajout d'une ligne de basse améliore sa voix sensuelle, ce qui donne un morceau à la fois intime et dansant. Del Rey fait équipe avec le rappeur expérimental Tommy Genesis dans une chanson sensuelle et ludique qui ne manquera pas d'être un succès. La piste voit Del Rey revenir aux mélodies séduisantes et ludiques qui l'ont rendue célèbre, et combinée avec le refrain contagieux de Genesis, c'est un gagnant définitif.
Enfin, l'album se termine par une tournure surprenante puisque le dernier morceau est un remix magnifiquement déguisé d'une chanson précédemment publiée, "Venice Bitch". Le remix est riche en couches, créant un nouveau son frais tout en signalant la croissance et l'évolution de Del Rey en tant qu'artiste qui embrasse son héritage.