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Un masque africain acheté par un couple de personnes âgées finit par se vendre des millions

Un masque africain acheté par un couple de personnes âgées finit par se vendre des millions

Une affaire judiciaire en France soulève des questions sur l'indemnisation lorsque la valeur d'une œuvre d'art vendue s'avère ultérieurement nettement plus élevée. Un couple de personnes âgées était en train de vider leur résidence secondaire lorsqu'ils sont tombés sur un masque africain. Alors que la plupart des objets étaient destinés à un vide-grenier, ils ont vendu le masque à un antiquaire local pour 150 € en septembre 2021.

Quelques mois plus tard, en lisant le journal, ils découvrent que le masque a été vendu aux enchères pour 4,2 millions d'euros à Montpellier. Il s'est avéré qu'il s'agissait d'un rare masque de cérémonie Fang du Gabon, rapporté au début des années 1900 par le grand-père du mari, gouverneur colonial en Afrique. Estimant avoir été induit en erreur sur sa valeur, le couple a poursuivi le concessionnaire en justice. A l'issue d'une procédure judiciaire, une cour d'appel française a jugé le 28 juin que la réclamation du couple contre le concessionnaire paraissait juridiquement valable et a gelé les fonds de l'enchère en attendant le résultat. Le tribunal de Nîmes a reconnu que l'affaire soulevait des problèmes d'indemnisation lorsque la valeur d'un artefact vendu était considérablement réévaluée.

​​Le couple affirme que le revendeur connaissait probablement la véritable valeur du masque lorsqu'il l'a acheté. Il ne l'a pas exposé dans sa boutique mais a plutôt contacté deux maisons de ventes - Drouot Estimation et Fauve Paris - pour expertise. Ils ont estimé des valeurs d'environ 100 à 120 € et 400 à 600 € respectivement.

Malgré ces appréciations, le marchand a sollicité un troisième avis auprès d'une vente aux enchères spécialisée en art africain à Montpellier. La datation au carbone et l'analyse par spectrométrie de masse ont daté le masque du 19ème siècle. L'expertise d'un ethnologue a révélé qu'il était utilisé dans les rituels de purification par la société Ngil, une organisation gabonaise secrète au sein de l'ethnie Fang active jusque dans les années 1920. Ces nouvelles informations culturelles et historiques ont révélé la rareté du masque, ce qui a conduit à son prix de vente astronomique et a soulevé la question de savoir si le marchand en savait plus que ce qu'il partageait avec les vendeurs âgés.

La maison de vente aux enchères spécialisée a classé le masque avec une estimation pré-vente de 300 000 € à 400 000 € sur la base de recherches et d'analyses approfondies. Cependant, des enchères intenses ont porté le prix de vente final à un montant stupéfiant de 4,2 millions d'euros, établissant un nouveau record pour les masques Fang lors de la vente aux enchères de mars 2022. L'augmentation spectaculaire de la valeur a conduit le couple de personnes âgées à se demander ce que le marchand comprenait réellement de la valeur du masque. rareté quand on l'achète chez eux à si bas prix. Selon un article du Monde, l'avocat du couple affirme que la vente initiale pourrait potentiellement être annulée en raison de l'opinion raisonnable mais erronée des vendeurs selon laquelle la valeur du masque était insignifiante. D'autres précédents sont cités, comme celui où les propriétaires ont obtenu l'annulation lorsque les tableaux de Poussin ont été mal identifiés avant l'authentification et que leur restauration a obtenu la restitution.

L’affaire a progressé à travers plusieurs étapes juridiques. Initialement, le concessionnaire avait proposé d'indemniser le couple en privé d'environ 300 000 € ou 315 000 $, mais aucun règlement n'a pu être conclu, apparemment en raison de l'opposition des enfants du couple âgé, comme indiqué dans les documents déposés. La responsabilité étant toujours contestée, l'intervention de la cour d'appel vise à sauvegarder les fonds pendant que le fond de la poursuite est débattu.

Insatisfait, le couple a porté plainte devant le tribunal judiciaire d'Alès, poursuivant une injonction de séquestrer le produit de l'enchère tout en réclamant des dommages et intérêts. Dans un premier temps, le tribunal d'Alès a approuvé une retenue provisoire de fonds, décrétée en mai 2022 par une banque régionale française. Cependant, le tribunal de première instance s'est finalement prononcé en faveur du concessionnaire, en débloquant l'argent et en ordonnant aux deux personnes âgées de lui verser environ 3 000 € pour couvrir les dommages et les frais de justice. Insatisfait de cette issue, le couple a alors fait appel pour annuler la décision.

Art
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17 novembre 2023
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